Ce matin, j’aimerais vous faire mon retour sur la conférence autour de la langue des signes à laquelle j’ai assisté il y a quelques semaines. Cette conférence était une présentation avant une formation approfondie à laquelle je vais participer dans les semaines à venir. Ce mode de communication avec l’enfant préverbal à de nombreux bénéfices mais il reste souvent peu connu.
Le bébé communique déjà avec son corps : pleurs, regards, sourires. Le positif comme le négatif est exprimé de manière corporelle. Pourquoi ne pas approfondir ces échanges en y intégrant la langue des signes ?
Le recours à la langue des signes suppose une disponibilité et une connexion visuelle pour transmettre et communiquer. La posture adoptée est simple nous nous positionnons à hauteur pour que les signes réalisés soient vus, pour que l’échange soit concret. Se positionner à la même hauteur qu’un enfant ? Tiens, c’est un des principes en éducation bienveillante tout simplement puisque cette simple posture permet de renforcer la confiance de l’enfant : il est considéré, respecté, pris en compte.
Aviez vous déjà remarqué que parfois nous nous adressons aux autres (touts petits et parfois même plus grand) sans même les regarder ? Qui n’a pas déjà dit de loin « allez, on va manger » « je vais te changer ta couche » ? Mais êtes vous sûres que le message a été compris ou ne serait-ce qu’entendu ? Non. A l’inverse, il est impossible de signer sans intention, sans vouloir réellement échanger, sans se connecter à l’autre. Cette connexion vient renforcer le lien d’attachement, il consolide la niche sensorielle et émotive de l’enfant. L’enfant sera bien plus attentif car il sera capté par l’échange, cela favorise la création d’une complicité et permet une meilleure compréhension.
La langue des signes n’impose pas : il est impossible de forcer quelqu’un à signer, c’est une suggestion, une incitation à l’échange. L’objectif n’est pas d’obtenir des résultats, des progrès ou autres, c’est tout simplement un tremplin à la communication avec les touts petits.
L’enfant pourra signer s’il le souhaite, si il est sensible à ce mode de communication, il pourra même arriver que le signe soit « déformé », l’important n’est pas de reprendre le signe en utilisant les mains de l’enfant (c’est d’ailleurs à proscrire…) mais plutôt de montrer en signant que l’on a compris, petit à petit son signe s’ajustera.
La langue des signes est un apprentissage pour l’adulte puisqu’il va s’agir pour nous d’apprendre les signes de bases répondant à des besoins de l’enfant (ou plus si l’envie nous en prends) mais pour l’enfant c’est une imprégnation au quotidien ; en effet, c’est au quotidien qu’il vous verra signer et qu’il associera le signe au mot et à sa signification. L’apprentissage de la langue des signes est multiples, cela suppose l’utilisation de différents canaux : visuel, auditif, kinesthésique.
Il y a plusieurs compétences qui entrent en jeu pour pouvoir signer : outre une compétence visuelle et auditive, signer suppose avoir une compétence motrice suffisante pour pouvoir se mouvoir avec intention. D’autres compétences vont être requises : avoir acquis la notion de permanence des objets, avoir des compétences sociales (échanger avec l’autre par un regard, un geste, un doigt pointé..)
Les mains vont tout simplement devenir des « surligneurs » lors de vos échanges, les mots signés seront rares mais essentiels. Il ne s’agit pas de signer chaque mot mais d’accentuer les mots clés : « tu veux aller dormir » (dormir étant signé) ? « Tu veux encore manger » (encore et manger seront signés). En moyenne, 2 à 3 signes par phrase sont largement suffisants, il ne faut pas embrouiller l’enfant par une succession de signes, ils sont là pour favoriser sa compréhension.
Le signe va aussi pouvoir favoriser la pensée symbolique, c’est à dire matérialiser un objet absent. Par exemple, « Papa est au travail » (papa et travail étant signés, l’enfant pourra visualiser le signe travail pour savoir que papa est bien quelque part, il perdure). L’image mentale permet que le message soit plus clair.
Le signe va également devenir fixateur de sens dans l’échange. Par exemple, dans le cadre des émotions, le signe va permettre de mettre un sens, de nuancer, d’exprimer l’émotion plutôt que de l’agir. En effet, l’enfant qui parvient à signer sa colère pour la communiquer pourra l’exprimer autrement qu’en criant ou tapant. Il pourra accentuer sa joie s’il signe tout en souriant, ou manifester sa peur si ses mots sont encore bloqués.
Il existe de nombreux ouvrages très complets pour l’apprentissage de la langue des signes avec notamment les signes propres pour l’échange avec les touts petits, il existe aussi de nombreuses formation sous forme de vidéo ou encore d’atelier. Personnellement, je trouve que l’apprentissage est tellement plus simple en atelier puisqu’il y a interaction avec le formateur, anecdote pour comprendre le signe, etc.
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